Frère Marie-Victorin (1885-1944)
Famille 111. — IRIDACEAE [ IRIDACÉES].
1. IRIS. Linné. — IRIS.
Plantes herbacées, vivaces, à rhizome rampant ou horizontal, souvent ligneux
et tubéreux. Tiges dressées. Feuilles généralement gladiées. Fleurs grandes,
régulières, terminales, solitaires ou paniculées. Divisions du périanthe 6,
onguiculées, adnées à l'ovaire, bisériées : les 3 extérieures dilatées, étalées
ou réfléchies, les 3 intérieures généralement plus courtes et plus étroites,
dressées. Étamines insérées à la base des divisions extérieures du périanthe.
Ovaire triloculaire ; style à divisions étalées en lame et pétaloïdes,
stigmatifères sous les deux lobes de l'extrémité et coiffant les étamines.
Capsule à parois épaisses, 3-6 - angulaire.
Environ 100 espèces, presque toutes de la zone tempérée boréale. Beaucoup
d'espèces sont cultivées et l'horticulture en a développé d'innombrables
variétés.
La reproduction des Iris par semis est très difficile. L'embryon occupe sans
la remplir entièrement une cavité creusée dans l'albumen corné, ce qui rend les
graines plus légères que l'eau. Cette cavité est obturée par un opercule
persistant dont la présence empêche la germination. Dans la nature, il est
probable que la longue immersion des graines finit par amener la désagrégation
de l'opercule ou de la paroi de l'albumen.
— Le genre Iris est très homogène et les espèces ne diffèrent entre elles que
par des caractères relativement peu importants. Elles peuvent se répartir assez
naturellement en deux groupes suivant la pubescence ou la glabréité des sépales.
Ces ressemblances extérieures masquent toutefois une grande diversité
physiologique, ainsi qu'il appert par la nature des substances que les divers
types emmagasinent dans leurs organes souterrains : amidon, lévulosane (irisine)
ou les deux à la fois. Les feuilles d'Iris ne renferment jamais normalement
d'amidon.
— Le nombre diploïde des chromosomes chez les Iris va de 20 à 112, en passant
par les valeurs 28, 34, 38, 40, 42, 44, 48. Le nombre de base serait 2n = 20 et
les séries numériques sont similaires dans le groupe des espèces rhizomateuses
et dans celui des espèces bulbeuses.
— Le nom générique signifie arc-en-ciel ; allusion à la polychromie des
fleurs. PLUTARQUE dit que le mot Iris vient de la langue égyptienne et signifie
: l'œil du ciel.
— Les Canadiens français nomment les Iris sauvages « Clajeux ». Il s'agit
évidemment d’une corruption de Glaïeul.
— La fleur-de-lis héraldique est probablement l'Iris, bien qu'on l'ait aussi
expliquée par l'abeille et le fer de lance. Le vocable fleur-de-lis est
d'ailleurs souvent appliqué en France à l'Iris pseudacorus. Ce grand Iris
jaune croît en abondance dans les Flandres, le long de la rivière de la Lys. En
d'autres termes, fleur-de-lis serait l'abréviation de fleur de la Lys. Mais la «
fleur-de-lis » avait une signification politique longtemps avant d'être adoptée
par les rois de France. Elle était déjà l'un des emblèmes des empereurs
byzantins. La légende veut qu'au cours de la bataille de Tolbiac, on ait porté
au roi CLOVIS un bouclier rempli de fleurs d'Iris. Louis VII l'adopta en 1147
comme emblème national de la France.
— Les découvreurs du Canada, ses pionniers et ses missionnaires élevaient
partout, pour prendre possession, des croix portant la fleur-de-lis. Le drapeau
fleurdelisé a flotté cent cinquante ans sur la terre canadienne et c'est sous ce
signe que la race québécoise [canadienne-française dans le texte] a coulé les
jours de son enfance héroïque et tourmentée.
— L'Iris pseudacorus Linné
est introduit et croît à l'état subspontané dans quelques localités du Québec.
De plus, on pourra trouver dans le sud-ouest du Québec l'I. virginica Linné.
Frère Marie-Victorin (1885-1944)
Flore laurentienne, p. 666
le dimanche 19 décembre 2021
constante mouvance de mes paysages intérieurs
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