Nichole Ouellette
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Flore laurentienne
Préface – Classification, nomenclature et onomastique
Nous assistons alors à un processus dont l'histoire de la science doit tenir
compte. Des hommes sans aucune initiation scientifique, explorant les ressources
forestières d'un nouveau continent dans un but purement utilitaire,
reconnaissent la nécessité d'un schéma quelconque de botanique systématique ; ils deviennent
par là même, sans le savoir et sans le vouloir, des pionniers
de la science.
Notre pionnier est donc d'abord un bûcheron pour qui un arbre est avant tout
une pièce de bois. Les caractères de la classification qu'il va choisir seront
donc tirés de la couleur du bois, de sa dureté, de la couleur et
de l'apparence extérieure de l'écorce.
La qualité et la blancheur du bois de
notre pin à cinq feuilles ont dû frapper d'abord les ancêtres qui ont nommé
cet arbre : le pin blanc.
Ce nom vernaculaire indéracinable s'est conservé jusqu'à ce jour en Amérique, aussi bien anglaise que française, malgré la
bourde que commit Linné en fabriquant le binôme absurde et intraduisible de
Pinus strobus. Les noms de pin rouge et de pin gris sont de formation semblable,
comme d'ailleurs ceux de bois blanc, orme blanc, chêne blanc, chêne rouge,
etc. Les botanistes professionnels ne firent souvent que latiniser les noms
vernaculaires déjà en usage depuis un siècle, comme dans le cas du
Quercus alba (chêne blanc) et du
Quercus rubra (chêne rouge).
Une systématique spéciale des arbres forestiers s'est donc constituée dès
les premiers temps de l'occupation française. Cette systématique populaire,
qui est peut-être ce qu'il y a de plus franchement autochtone dans tout notre
folklore canadien, ne s'est pas perdue. Malgré
Tournefort et
Linné, malgré Michaux, malgré
les progrès de l'instruction à tous les degrés, elle a
continué d'exister, très élaborée, très complexe, et peut-être plus
intrinsèquement juste qu'on ne le croit. Sans doute, la base de cet édifice
systématique n'est pas celle de la botanique classique puisqu'elle ne tient pas
compte, au moins généralement, de la fructification. La conception de
l'espèce qu'elle implique obscurément n'est pas celle de Linné, ni celle de
Jordan, ni celle des botanistes d'aujourd'hui. Elle contient même un élément
dynamique fort curieux ; par exemple il semble bien que le sapin rouge et le sapin blanc de nos gens, comme probablement aussi l'épinette grise et
l'épinette jaune, ne soient que deux états successifs des mêmes individus.
Mais une fois ces divergences fondamentales admises, il reste que la systématique forestière paraclassique, créée par les bûcherons
Canadiens-français, basée tout entière sur les caractères du bois et de
l'écorce, témoigne d'une étonnante acuité d'observation. Pour
l'ingéniosité des ségrégations, la sûreté des distinctions, la finesse des
identités, elle a peu à envier à la systématique proprement scientifique,
qui toujours oscille sur la base étroite et contestable du postulat
anthocarpologique.
Frère Marie-Victorin (1885-1944)
Flore laurentienne 1935, p. 6.
46° 37' 49.47" N - 072° 18' 30.66" O,
Laurentides, forêt boréale, Mauricie, MRC Les Chenaux, Saint-Prosper,
route de la Station, érablière Pierre Cossette, Michel Cossette et son fils fendent du bois de chauffage,
15:33 le mardi 20 janvier 2009, Route_de_la_Station_172_800.
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le samedi 12 janvier 2002 - le jeudi 10 décembre 2009
le mercredi 23 novembre 2011 - le dimanche 9 mars 2014 - le lundi 20 novembre 2017
constante mouvance de mes paysages intérieurs
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