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3. RÉGION LAURENTIENNE(c) Sous-région de la plaine alluvionnaire du Saint-Laurent1° District des basses terres Champlain. La grande glaciation a raboté les assises paléozoïques de la plaine laurentienne ; elle y a charrié du nord les débris de roches cristallophylliennes qui ponctuent cette plaine d’innombrables blocs erratiques ; elle y a aussi déposé un manteau d’argile à blocaux d’épaisseur variable, mais pouvant atteindre soixante-dix mètres. L’action glaciaire, en dénudant le plateau précambrien, ne lui a plus permis qu’une flore appauvrie. Dans la plaine basse laurentienne au contraire, le même phénomène a créé des conditions favorables aux végétaux non strictement silicicoles.
Mais les boues glaciaires, quoique constituant des terres de bonne qualité au point de vue chimique, ont des caractères physiques désavantageux. Elles sont en effet extrêmement compactes et opposent une grande résistance à la pénétration des racines. Leur structure est aussi très hétérogène, les matériaux qu’elles renferment allant depuis l’argile impalpable jusqu’à des blocs erratiques de taille énorme. Le travail de préparation et de parachèvement du domaine végétal devait se faire durant la période de transgression marine connue sous le nom de période Champlain, période qui coïncida avec la fin des temps glaciaires. Cette transgression fut amenée par une subsidence générale qui atteignit 200 mètres aux environs de Montréal. Les cours d’eau afférant au vaste estuaire ainsi formé déversèrent une quantité énorme de matériaux provenant de l’affouillement des moraines et des dépôts d’argile à blocaux, assortissant ces matériaux par ordre de densité, déposant les plus grossiers le long des lignes de rivage : graviers et sables à saxicava, entraînant au large la fine argile à leda, qui se précipita à l’état de bancs dans les eaux profondes et tranquilles. L’argile à leda constitue les terres grises de la plaine laurentienne, qui sont la grande ressource de l’agriculture.
Telles qu’elles se présentent aujourd’hui, les basses terres Champlain comprennent donc : une aire principale que nous désignons sous le nom de triangle montréalais, triangle dont les sommets sont occupés par les villes de Québec et d’Ottawa, et le lac Champlain ; un prolongement en bordure du Saint-Laurent au-delà de la ville de Québec, prolongement que nous désignons sous le nom de section des terrasses du bas Saint-Laurent ; enfin une aire disjointe située dans le bassin du lac Saint-Jean, aire qui doit être rattachée aux basses terres Champlain, et pour laquelle le nom de section translaurentidienne semble approprié.
Frère Marie-Victorin (1885-1944) ![]() ![]() le dimanche 2 mai 2010 - le mardi 30 avril 2002 constante mouvance de mes paysages intérieurs |
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